Dans une interview accordée au JDD ce dimanche, le commandant des opérations spéciales, Laurent Isnard revient sur l’opération de sauvetage au Burkina Faso des otages français, libérés dans la nuit de jeudi à vendredi, et qui a coûté la vie à deux militaires.
Tant que des Français seront menacés, les forces spéciales iront « les chercher », a affirmé dimanche dans une interview au JDD le vice-amiral Laurent Isnard, chef du commandement des opérations spéciales, après la libération de plusieurs otages au Burkina Faso.
« Tant que des citoyens français seront menacés et que nous recevrons la décision d’aller les chercher, nous irons les chercher », a affirmé le vice-amiral. « C’est notre métier, c’est notre mission et nous continuerons à la faire. Il n’y a aucun doute là-dessus […] nous sommes prêts à recommencer dès demain matin », a-t-il insisté.
La libération de Patrick Picque et Laurent Lassimouillas dans la nuit de jeudi à vendredi a été réalisée au prix de la mort de deux militaires.
Ils avaient été enlevés le 1er mai pendant un séjour touristique au Bénin, pays jusque-là épargné par l’insécurité en Afrique de l’Ouest, mais dans une zone déconseillée par le ministère français des Affaires étrangères. Ce qui a suscité des critiques à leur encontre.
« Une prise de risque assumée »
« Nous n’avons aucun doute sur le bien-fondé de notre mission. Et ce n’est pas à moi de juger si la mission d’aller porter secours à une personne est légitime », a répondu à ce sujet le chef militaire.
Évoquant l’opération qui a conduit à cette libération, le vice-amiral a précisé que « les commandos devaient s’approcher au plus près » du lieu de séquestration « en toute discrétion, pour être absolument certains de neutraliser les terroristes et de libérer les otages sains et saufs ».
« C’est la raison pour laquelle nos commandos sont entrés simultanément dans les différentes huttes sans être certains de ce qu’ils y trouveraient. Il y a donc bien eu une prise de risque assumée, partagée, car elle fait parie de notre métier », a-t-il expliqué.
« Une opération préparée en seulement quelques heures »
L’opération a été déclenchée quand les militaires se sont rendu compte que les otages allaient quitter le Burkina Faso pour se rendre au Mali « ce qui impliquait un risque réel qu’ils passent entre les mains d’un groupe terroriste beaucoup plus dur », a-t-il encore dit.
Grâce à cette « opportunité », l’état-major à Paris, avec les commandos sur le terrain, « a préparé une opération en seulement quelques heures ».
« Nous avons soumis notre plan d’action au chef au chef d’état-major des armées, qui l’a immédiatement approuvé et proposé à la décision du président de la République, tandis que les avions décollaient au moment même où le chef de l’État nous donnait le feu vert », a raconté le vice-amiral.
Emmanuel Macron a accueilli samedi sur la base aérienne de Villacoublay les deux ex-otages. Ils ont été libérés en même temps qu’une Sud-Coréenne et une Américaine qui étaient captives depuis 28 jours. L’otage sud-coréenne a également été ramenée à Villacoublay samedi.